Trente-trois ans plus tard, les Soviétiques lèvent à demi le voile sur l'un de leurs secrets les mieux gardés, la catastrophe nucléaire de Kychym qui fit de cette région la zone la plus polluée de la planète. C'est-à-dire qu'ils en reconnaissent au moins l'existence. Mais sur les Conséquences ils continuent à montrer un optimisme qui paraît extrêmement suspect aux scientifiques français que nous avons consultés.
Trente-trois ans avant Tchernobyl, l'URSS a subi dans l'Oural une catastrophe nucléaire de grande ampleur: 2 millions de curies (1) auraient été rejetés dans l'atmosphère le 29 septembre 1957, à 16 h 20, polluant la région de Kychtym, dans l'Oural, entre Sverdlovsk et Tcheliabinsk. Il s'agissait du premier centre soviétique de production de plutonium militaire édifié dès 1949, sous la conduite de l'académicien Igor Kourtchatov, et aucune information ne transpira en URSS ni à l'étranger (2). Le site contient des réacteurs plutonigènes pour fabriquer les charges nucléaires des missiles. Sur les six réacteurs, quatre viennent d'être fermés cette année. Le cinquième le sera courant octobre. Quant au dernier, il fonctionne encore.
L'un des premiers à avoir eu vent de l'affaire fut le biologiste soviétique dissident, Jaures Medvedev. Il résidait en Angleterre et, à l'analyse d'articles publiés dans d'obscures revues de botanique sur la diffusion du strontium 90 dans l'environnement, se douta de quelque chose. Il le fit publiquement savoir. Son analyse de la situation à Kychtym fut publiée en anglais en 1979 dans un ouvrage maintenant bien connu, le Désastre nucléaire de l'Oural (traduit depuis en français par les éditions Isoète de Cherbourg). Des la parution, les faits reconstitués par Medvedev furent confirmés par la CIA: une catastrophe nucléaire s'était bien produite à Kychtym. Une vaste région alentour avait été évacuée.
Rares sont les personnes qui ont pu pénétrer sur la zone interdite. Iosif Nekhamkin, journaliste scientifique soviétique, a profité de la glastnost pour visiter le site. Le récit qu'il nous a confié pourra surprendre par son optimisme, notamment lorsqu'il précise que la catastrophe n'aurait pas fait de victimes ni au moment de l'accident ni à plus long terme et que la majeure partie des territoires contaminés auraient été redonnés à l'agriculture. Ses conclusions corroborent néanmoins celles des rapports publiés dans la presse scientifique soviétique sous la direction de Boris V. Nikipelov, vice-ministre de l'Energie et de l'Industrie nucléaire et communiqués à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), à Vienne. Cette apparente confirmation ne prouve rien: essayons d'y voir plus clair.
Précisons d'emblée que tout le monde ne partage pas l'optimisme soviétique. Ainsi, selon deux chercheurs américains du Natural Resources Defense Council, Thomas Cochran et Robert Standish Noris, il n'y a pas que l'accident de 1957 à considérer. " Kychtym est l'endroit le plus contaminé de la planète ", disent-ils. Les rejets radioactifs provenant du centre nucléaire, déversés au cours des années dans les lacs et les rivières auraient atteint, selon eux, le chiffre record de 120 millions de curies, soit deux fois et demie les doses relâchées par Tchernobyl. Il faudra attendre six cents ans, expliquent-ils, pour que le niveau de radioactivité redescende au taux encore dangereux de 120 curies. Encore aujourd'hui, affirment ces deux chercheurs, quelqu'un qui resterait sur le site à l'endroit le plus contaminé serait exposé à une dose de 500 rad/heure, suffisante pour tuer un homme en une heure seulement.
La contradiction entre les déclarations soviétiques et les estimations américaines est donc radicale. Les Soviétiques continuent-ils à mentir pour protéger leur programme nucléaire ? Et ont-ils poussé le mensonge jusqu'au crime en réinstallant des populations sur des territoires radioactifs ? Pis, ces populations auraient-elles servi de cobayes ? Et la région contaminée de laboratoire? Ou bien existerait-il vraiment un moyen de décontaminer des territoires radioactifs ? Les experts internationaux qui commencent maintenant à visiter le site auront-ils un jour toutes les données pour trancher ?
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Aux frontières du territoire contaminé, deux panneaux apparemment contradictoires : "Danger - radiation" et "Réserve d'Etat". La zone irradiée sert de terrain d'expérimentation sur les effets du rayonnement. |
Voici, en attendant, la version de Iosif Nekhamkin, entrecoupée de quelques commentaires (en italique) de Monique Séné, physicienne au CNRS et présidente du Groupement de scientifiques pour l'information sur l'énergie nucléaire.
Fondée en 1946 dans l'Oural du Sud par Igor Kourtchatov, le physicien responsable du programme soviétique de la bombe H, la première ville atomique, Tchéliabinsk-40 ou "la quarante", est située à une centaine de kilomètres de Tchéliabinsk, au milieu de forêts et de lacs. Elle ne figure encore aujourd'hui sur aucune carte, bien que le site soit historique: c'est là que commença à fonctionner, en 1948, le premier réacteur destiné à fournir du plutonium. Ce qui permit, le 29 août 1949, de réaliser la première explosion nucléaire soviétique sur le polygone d'essais nucléaires de Sémipalatinsk. Le monopole atomique de l'Ouest avait pris fin; l'"équilibre de la terreur" commençait.
A Tcheliabinsk-40, on était très fier d'avoir démenti les experts américains, qui estimaient l'URSS incapable de fabriquer sa propre bombe avant quinze ou vingt ans. Mais la vie y restait difficile. Ses habitants, tous travailleurs de l'atome, devaient assumer des cadences de recherche, de construction et de production sans cesse accrues.
Pour le traitement du combustible nucléaire et l'extraction du plutonium, une usine d'enrichissement avait été construite. Il fallait donc apprendre à maîtriser le maniement des déchets radioactifs. On en ignorait presque tout: de 1949 à 1952, on déversa dans un plan d'eau plusieurs millions de curies d'éléments radioactifs. Les responsables, ayant fini par soupçonner les dangers de cette pratique, décidèrent de stocker les déchets dans de grands réservoirs.
M. Séné: Le retraitement des combustibles irradiés d'où l'on extrait le plutonium entraîne des déchets hautement radioactifs, appelés produits de fission et dégageant une chaleur intense. Ces déchets se présentent sous forme liquide et doivent être stockés et refroidis pendant de longues périodes dans des enceintes spéciales C'est ce type de déchets qui est brassé et refroidi en permanence dans d'immenses cuves dans l'usine de retraitement française de La Hague, à la pointe du Cotentin.
A Kychtym, ces dépôts étaient constitués d'un ensemble de 60 réservoirs souterrains en acier inoxydable. Chaque réservoir d'un volume de 250 m3, était installé dans une sorte de fosse en béton aux parois de 60 cm d'épaisseur. La fosse de chaque réservoir était recouverte d'une dalle de 150 cm en béton d'un poids avoisinant les 160 t. Les réservoirs étaient refroidis en permanence grâce à une circulation d'eau à l'intérieur des fosses. La température à l'intérieur des cuves se situait autour de 300 à 350 degrés C. Plusieurs fois par jour, des équipes spécialisées vérifiaient la température et le niveau des solutions dans les réservoirs.
Le 29 septembre 1957, ces équipes n'avaient rien remarqué d'anormal, sinon que les parois d'un des réservoirs étaient chaudes mais les appareils de mesure n'avaient pas détecté d'élévation de la radioactivité. Il n'y avait alors que très peu de temps qu'on avait mis en service le premier réacteur; dans le monde entier, ingénieurs et physiciens connaissaient encore très mal les processus, qu'ils découvraient au jour le jour.
Or, dans cette boîte de béton, le refroidissement par eau s'était interrompu, provoquant l'échauffement de la matière stockée, puis son ébullition. Les solutions contenaient, entre autres, du nitrate d'ammonium, un puissant explosif. Au fur et à mesure que ce composé se concentrait et s'échauffait il se rapprochait d'un point critique qui finit par être atteint, ce qui se traduisit par une violente explosion équivalente à de 5 à 10 tonnes de TNT. L'explosion fracassa le réservoir et souffla. comme une plume son couvercle de béton, tandis que les parois de la fosse étaient rejetées à plusieurs centaines de mètres de là.
Bien que cette explosion ne fût
pas d'origine nucléaire mais chimique exothermique, elle
rejeta à proximité du site 90 % des produits radioactifs
que contenait le réservoir, tandis que les 10 % restants,
soit 2 millions de curies, s'échappaient dans l'atmosphère.
Le nuage monta à un kilomètre d'altitude. Un vent
fort soufflait; le nuage se dirigea vers le nord-est, laissant
au sol une trace radioactive tout en longueur. Les scientifiques
appelèrent celle-ci "VOURS" (Vostochono-Ouralski
Radioactivni Sled), c'est-à-dire "trace radioactive
de l'Oural de l'Est". La trace s'étalait sur plus
d'une centaine de kilomètres de long (voir carte).
concernée |
en surface (en Ci/km2) |
(en jours) |
Irradiation externe (en Rems) |
Contamination interne (en Rems) |
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Un an après l'accident, la zone où le taux de radioactivité était égal ou supérieur à 2 Ci/km2 avait la forme d'une ellipse allongée de 105 km sur 8-9 km, soit une surface de plus de 1000 km2.
M. Séné. En réalité, à l'intérieur de cette ellipse, une autre zone plus réduite (120 km2) et proche du site de l'explosion accusait des niveaux de radioactivité supérieurs à 100 Ci En certains points, ils atteignaient même 4 000 Ci.
Et ce territoire est situé dans la région industrielle de l'Oural ! Par chance, la radioactivité ne toucha ni des villes importantes ni des régions très peuplées. Lors de l'explosion, il n'y avait, paraît-il, personne à proximité et, de ce fait, il n'y aurait pas eu de victime. Les travaux de décontamination commencèrent immédiatement, aussi bien près de la "boîte" accidentée que sur le territoire contaminé.
M. Séné: Etant donné les quantités énormes de radioactivité rejetées, il semble pour le moins curieux qu'il n'y ait pas eu du tout de victime!
La décontamination dans l'épicentre de l'explosion fut pénible. elle devait être très rapide et précise, car, tout près de là, vivaient et travaillaient des milliers de personnes. Elle s'étendait à toutes les zones fortement touchées. On interdit immédiatement l'accès du territoire contaminé. Trois, puis vingt villages, soit au total 10 180 habitants, furent évacués. Six cents personnes avaient émigré dans les dix premiers jours des zones attenantes à l'explosion.
Des équipes médicales arrivèrent avec le matériel nécessaire. On commença à faire des relevés topographiques de la zone de contamination. Des milliers de personnes furent examinées et des fiches établies.
Des bulletins médicaux laconiques étaient publiés: " Aucun cas l'irradiation de quelque forme que ce soit. Pas d'atteinte à la moelle épinière. " " Cas isolés d'abaissement du taux des plaquettes sanguines. " " Cas isolés d'altération des fonctions neurologiques. " " Pas de cas d'allergie. "
M. Séné: Lorsqu'on connaît la précarité des moyens médicaux qui ont été déployés au moment de Tchernobyl, on peut s'interroger sur l'efficacité des moyens de mesure au moment de Kychtym, trente ans plus tôt, A cette époque, la médecine nucléaire, ne l'oublions pas, en était encore à ses balbutiements.
Trente-trois ans ont passé depuis. La santé des habitants de la région de la première et de la deuxième génération a été déclarée normale par les enquêteurs médicaux.
Juste après l'explosion, une station de recherche, l'ONIS, a été installée à Tcheliabinsk-40 Elle est devenue le pionnier de la recherche radiologique et de l'écologie appliquée en URSS. Ses collaborateurs sont des spécialistes: biologistes, physiciens, écologistes. Cette zone d'une superficie de 1500 km2 où le niveau de radioactivité reste préoccupant malgré les mesures de décontamination, a été transformée en site expérimental. Les résultats des recherches ont permis de créer de nouvelles méthodes de mesure et des moyens de traitement des déchets radioactifs.
Ivan Tepliakov, l'un des responsables de la station, raconte comment il a vécu l'accident, et surtout comment il a travaillé pour décontaminer les terres irradiées.
" Je travaille ici depuis 1959. Je suis du pays, né dans le village de Kuyach, que vous avez traversé en venant ici. Au moment de l'accident je me trouvais au village tout à fait par hasard, étant revenu de la tselina (les terres vierges du Kazakhstan) où je faisais un stage à l'Institut de mécanisation et d'électrification agricoles. Je ne connaissais rien au nucléaire. On profitait du dernier soleil, c'était un dimanche sec et chaud, on se baignait et on bronzait au bord du lac. Des troupeaux de vaches paissaient dans les pâturages, dans les champs on terminait la moisson. Soudain, vers 16 heures, du côté de la ville, on entendit une forte explosion. Les vitres tremblèrent. Personne n'y prêta attention car on savait que l'on était toujours en train de construire ou de faire quelque chose en ville, des tranchées, des fondations et les explosions étaient monnaie courante. La journée se termina tranquillement." Le lendemain, à l'aube, je fus réveillé par ma mère. Je vis partout des soldats, des véhicules tout terrain, des gens avec des dosimètres qui allaient et venaient, effectuaient des mesures sans rien expliquer. "
M. Séné: Les Soviétiques ont eux-mêmes reconnu dans leur rapport transmis en 1989 à l'AIEA que toutes les mesures de sécurité n'étaient pas prises à cette époque, d'un côté parce que c'était la course à l'arme nucléaire qui primait et de l'autre parce qu'on ne possédait aucune expérience. Toujours en se référant à Tchernobyl, comment croire que dès le lendemain matin à l'aube, il y ait eu un tel déploiement de moyens ? "
On racontait qu'il y avait eu une explosion et qu'il fallait prendre immédiatement des mesures de sécurité. Juste après, je suis reparti pour mes études, ma mère, ma soeur et mes deux frères sont restés. J'ai su plus tard que l'on avait évacué de toute urgence la population de trois villages.
M. Séné: Là encore, cette évacuation immédiate semble trop belle pour être vraie, compte tenu de ce qui s'est passé à Tchernobyl où les habitants ont dû attendre plusieurs jours avant d'être simplement informés de ce qui s'était passé."
On a rassemblé les habitants et on leur a dit de se munir de leur passeport et d'emporter ce qu'ils avaient de plus cher. Ensuite, tout le monde a dû aller aux bains, recevoir du linge neuf et être évacué vers d'autres agglomérations. Là, il y avait pas mal de maisons neuves et la situation était provisoire; c'était une première étape. Ensuite, on a fait d'énormes tranchées et on y a poussé à coups de bulldozers toutes les maisons et autres constructions, avec tout ce qu'il y avait à l'intérieur, ainsi que tous les animaux abattus.
M. Séné: C'est en effet ce qui se fait actuellement en URSS aux alentours de Tchernobyl. Faisait-on déjà la même chose en 1957? Si oui, c'est que la contamination devait être beaucoup plus intense qu'on ne le dit."
La vie reprit ses droits dans les nouveaux lieux Les évacués ont eu de nouvelles maisons, une aide matérielle et alimentaire. Bien sûr, ça ne plaisait pas à tout le monde, surtout le fait d'être privé de son terroir. L'acclimatation était pénible, surtout pour les vieux, qui avaient l'habitude de pêcher au bord du lac, de cueillir des baies et des champignons dans les forêts. Vers 1960, nous avons embauché une partie de la population dans notre station expérimentale. Nous avons un immense territoire, des champs, des jardins, des troupeaux. Certains de ces gens sont encore là. Il y a longtemps qu'ils se sont adaptés. En un mot il n'y a eu aucune conséquence terrible, comme on l'a dit,
M. Séné: Pourquoi alors ces centaines de publications scientifiques recensées par Medvedev, étudiant les malformations et les mutations génétiques sur les animaux et les plantes ?
"Les racontars viennent de l'absence d'information, de l'incompréhension, du manque d'expérience, tant du côté de la population que du côté des dirigeants. Il y a toujours des amateurs de secrets et de mystères, surtout là où il ne le faudrait pas. A Tchernobyl, tout ressemblait à nos débuts, j'en sais quelque chose, car j'y ai travaillé...
J'ai travaillé à rendre la terre aux hommes. C'est mon travail, je suis ingénieur en machines agricoles. Au cours des deux saisons de 1958 et de 1959, nous avons labouré la terre sur une profondeur de 27 à 30 cm et sur une superficie de plus de 12 000 ha. Cela a permis de diminuer l'intensité du rayonnement à la surface du sol de 1,5 à 2 fois."
M. Séné: Ce procédé qui consiste à enterrer les corps radioactifs ne les fait pas disparaître On les retrouvera dans l'eau, dans les végétaux et ensuite dans les animaux, Encore faudrait-il savoir précisément sur quelle zone s'est effectué ce labour miracle? Selon l'AIEA, il s'agirait de 20 000 ha se situant à l'extérieur de la zone la plus contaminée (la fameuse "trace" de l'Oural de 300 km2).
" Au printemps 1960, nous avons entrepris la "désactivation" à l'aide de charrues spéciales que nous avons nous-mêmes imaginées et construites. Ce sont des "échangeurs horizontaux au sol". Elles permettent de retourner le sol en mettant en surface les couches profondes. Ainsi furent "désactivés" des milliers d'hectares."
M. Séné: Toujours selon l'AIEA, il s'agissait de 6 200 ha supplémentaires, retournés sur une cinquantaine de centimètres. En réalité, ces terres n'ont pas été "désactivées" puisqu'elles n'ont pas perdu leur radioactivité. L'écran formé par la terre Plus Profonde et non contaminée a simplement permis de diminuer le taux de rayonnement en surface.
" Après quoi, l'intensité du rayonnement gamma en surface a été divisée par 10 et même plus. Ces terres peuvent donner actuellement une récolte saine. Il faut dire que, parallèlement, on avait employé. des produits agrochimiques. Les gens faisaient leur travail sans discuter, année après année. C'est ainsi que s'est faite l'offensive sur la "trace nucléaire"."
M. Séné: C'est faux. Comment pourrait-on obtenir des légumes ou des céréales sains lorsqu'ils sont cultivés sur des terres qui sont forcément encore radioactives, puisque le strontium 90 a une demi-vie de l'ordre de trente ans, ce qui veut dire qu'actuellement il y a encore dans le sol la moitié de la quantité initiale de radioactivité! Il est vrai que le strontium est facilement lessivable par les pluies, mais il n'a pas disparu pour autant; les nappes d'eau souterraines doivent en avoir récolté une bonne partie Par ailleurs, les Soviétiques peuvent se féliciter de ne pas avoir eu, comme à Tchernobyl, des retombées . de césium 137, radioélément qui semble le plus tenace et qui pose les problèmes de contamination les plus importants. Pourquoi cette absence ? Les Soviétiques se servaient à l'époque du césium 137 pour fabriquer des sources radioactives destinées à l'industrie et l'extrayaient des combustibles irradiés au moment du retraitement Par un coup du sort, c'est également l'absence de césium 137 qui est indirectement responsable de l'explosion, puisque le nitrate d'ammonium, explosif présent dans les déchets, provient justement du processus d'extraction du césium!
Jean-René Germain,
Jacqueline Denis-Lempereur
et Iosif Nekhamkin (enquête à Kychtym)
Science & Vie n°877, octobre 1990.